Luc Farré Secrétaire général de l’UNSA FP
Publié le 6 Septembre 2016
Luc Farré Secrétaire général de l’UNSA FP : “Le prochain Président devra poursuivre la réévaluation du point d’indice”
Face aux remises en cause de la fonction publique dans le cadre de la précampagne présidentielle, le secrétaire général de l'Unsa Fonction publique, Luc Farré, entend "insister sur l'importance, voire la force des services publics de notre pays".
Des pistes de réflexion pourraient être envoyées par le syndicat aux candidats à l'élection de 2017, précise-t-il.
Les critiques fusent actuellement à l'encontre de la fonction publique, de son coût et des services rendus par ses agents.
Comment appréhendez-vous cette remise en cause ?
Aujourd'hui, la fonction publique est au cœur du débat public mais aussi des prises de positions des uns et des autres.
Et c'est dans ce cadre-là que l'Unsa a un message à faire passer : celui d'insister sur l'importance, voire la force de la fonction publique et des services publics dans notre pays.
Quand j'entends certains précandidats à l'élection présidentielle envisager de nouvelles suppressions de postes de fonctionnaires, je suis inquiet.
La fonction publique de notre pays ne doit pas être remise en cause.
L'Unsa envisage-t-elle donc de se positionner dans la campagne pour l'élection présidentielle ?
Notre position est d'une très grande clarté.
Nous nous plaçons dans le débat en tant qu'organisation syndicale.
Nous ne prendrons donc pas position pour tel ou tel candidat à l'élection présidentielle.
Néanmoins, il se peut que nous envoyions des propositions et des pistes de réflexion aux candidats déclarés.
Nous souhaitons, par exemple, que le prochain président de la République poursuive, avec sa majorité, la réévaluation du point d'indice.
Le ministère de la Fonction publique engage des réflexions sur la fonction publique du XXIe siècle.
Compte tenu de l'agenda social chargé, est-ce l'urgence selon vous ?
Notre objectif n'est pas uniquement de nous poser la question de l'avenir de la fonction publique.
Ce que nous souhaitons, avec ce gouvernement, c'est aller au bout des décisions qui ont été annoncées durant ce quinquennat, et sur le PPCR [protocole sur les parcours professionnels, carrières et rémunérations, ndlr] notamment.
Des difficultés persistent au ministère de la Justice.
Nous voulons que les agents de ce ministère, comme ce fut le cas pour ceux de l'Intérieur, puissent rapidement voir l'application de ce protocole.
Une nouvelle gestion des ressources humaines au sein de la fonction publique d'État se met progressivement en œuvre.
Programmée avant l'été, la réunion interministérielle a été reportée.
En quoi cette réforme est importante ?
Le dialogue social doit être amélioré dans toute la fonction publique et à la DGAFP [direction générale de l'administration et de la fonction publique, ndlr] également.
Cette direction doit être un moteur en la matière.
C'est la clé de l'évolution de la fonction publique.
Des guides peuvent en outre être érigés par la DGAFP pour accompagner, par exemple, les agents lors d'une réorganisation.
Mais la DGAFP ne peut pas être que cela, elle doit induire les bonnes pratiques tant dans les ministères que dans les deux autres versants de la fonction publique, la territoriale et l'hospitalière.
Elle doit avoir une vision de l'évolution nécessaire de la fonction publique en s'appuyant sur la qualité du dialogue social.
Dans le cadre de la négociation du nouveau projet de plan Santé intitulé "STT2", la DGAFP a présenté, le 6 septembre dernier, sa feuille de route sur la médecine de prévention.
Que pensez-vous de ce plan d'action ?
Nous allons être attentifs aux annonces qui vont être faites sur la médecine de prévention.
Aujourd'hui, un certain nombre d'agents n'y ont pas accès, du fait de la réduction du nombre de médecins notamment.
Concernant la limitation de la fréquence des surveillances médicales particulières [aujourd'hui fixée à un an pour les personnes handicapées, les femmes enceintes et les agents réintégrés après un congé de longue maladie ou de longue durée, ndlr], nous n'y sommes pas favorables.
Ce sont des pistes de travail fournies par la DGAFP, mais à l'Unsa, nous ne perdons pas de vue d'autres sujets majeurs, comme la lutte contre les risques psycho-sociaux qui sont en forte explosion.
Sur le reclassement des agents déclarés inaptes, ces derniers doivent, en premier lieu, se voir proposer une reconversion professionnelle.
Les employeurs publics ne le font pas toujours.
Or il est de leur responsabilité d'offrir de véritables possibilités de reconversion.
Remis au gouvernement en juillet dernier, le rapport du chercheur Yannick.
L'Horty révèle des discriminations dans l'accès à l'emploi.
La mission du conseiller d'État, Olivier Rousselle doit également rendre ses conclusions sur l'accès aux écoles du service public.
Qu'attendez-vous de ces réflexions ?
Le rapport L'Horty est un premier travail, mais il faudra beaucoup d'autres travaux pour avancer sur la question des discriminations dans la fonction publique.
Pour l'Unsa, les discriminations ne se font pas qu'à l'entrée dans la fonction publique, mais peuvent se rencontrer dans la gestion des carrières.
Peu importe leurs choix, tous les agents publics doivent pouvoir faire carrière.
Créer une fonction publique à l'image de la société est une idée que nous défendons.
Le concours peut aussi évoluer et permettre le recrutement de tous.
Mais nous voulons préserver son principe, il est un des éléments du statut.
acteurspublics
23 SEPT. 2016, PAR BASTIEN SCORDIA