Le 18 octobre, Jean-Michel Blanquer est intervenu devant le congrès des départements de France. À cette occasion, il s’est exprimé sur la demande formulée de décentralisation des gestionnaires des collèges.
De manière très ferme et très juste, en dépit du brouhaha ambiant, le ministre a répondu que la décentralisation ne passait pas par le transfert des gestionnaires tout en soulignant qu’il était ouvert sur la question en évoquant le conventionnement entre l’État et les départements ainsi que la formation.
A&I UNSA ne peut que se réjouir, de la part du ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse, de cette prise de position limpide, dénuée d’ambigüité.
Nous avons toujours soutenu l’idée que, l’éducation étant nationale, il serait dangereux de faire passer au sein même de l’EPLE, collège, lycée, EREA, la ligne même de séparation entre l’État et les collectivités. Instaurer dans l’EPLE même une césure aussi marquée serait une source de potentiels conflits au sein desquels ni les personnels ni surtout les élèves n’auraient à gagner.
La loi de décentralisation en matière scolaire a instauré une association entre l’État, garant de la cohérence des politiques nationales, et les collectivités. De cela découle que le chef d’établissement, représentant de l’État, doit mettre en œuvre, notamment au travers de l’adjoint gestionnaire en charge de l’administration générale et financière, les politiques en provenance aussi bien de l’État que des collectivités. Il s’agit bien là d’unir et non pas de séparer.
Or, trop souvent, cette indispensable cohésion est remise en cause.
Trop souvent encore, collectivités et agents de l’État dans l’EPLE se regardent en chien de faïence voire s’invectivent. Trop souvent encore, l’autorité fonctionnelle sur les personnels voulue par la loi est malmenée, créant des tensions inacceptables dans les établissements. Le pire est atteint lorsque, par méfiance de principe ou au prétexte d’une résistance réelle ou supposée, la technostructure locale se croit obligée, au risque du mauvaise usage de l’argent public, de « faire à la place de », vidant de sa substance l’autonomie des EPLE, les transformant de fait si ce n’est de droit en régie aux ordres.
Après cela, certains auront beau jeu, ayant mis les gestionnaires en position de désapprendre leur métier, de les juger rétifs ou incapables de l’exercer.
En matière d’éducation nationale, citoyens ordinaires et citoyens élus ne devraient poursuivre, au-delà des droits, des préséances et des technocraties, qu’un seul objectif : la réussite des élèves, de tous les élèves, sur tout le territoire de la République. Sur la question de la gestion des établissements, la voie indiquée par Jean-Michel Blanquer ce vendredi 18 octobre est un bon chemin.
Pantin, le 22 octobre 2019
Jean-Marc Bœuf
Secrétaire général